Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Kuugal-Rights-Droit

Le blog propose essentiellement des liens pour accéder à certains documents juridiques relatifs à l'environnement, à l'eau, au foncier, et à des publications en droit constitutionnel et administratif dans les pays d'Afrique francophone. En outre, il propose des liens pour accéder à certains documents portant sur les marchés publics, les EIES et les Politiques de réinstallation des populations conformément aux politiques des organisations internationales.

Le domaine national au Sénégal

La domanialité nationale

Le régime foncier qui est mis en place à partir des premières années de l’indépendance a permis l’adoption d’un texte original, la loi nº 64-46 du 17 juin 164 relative au domaine national. Les terres qui relèvent de ce régime ne peuvent faire l’objet d’une appropriation et l’Etat en assure la gestion en confiant certains espaces aux conseils ruraux. Les terres du domaine national sont divisées en quatre ensembles : Les zone des terroirs : Le terroir est défini à partir de la combinaison des articles 7 et 8 sur le domaine national et du décret 64-773 du 30 juillet 1964 fixant les conditions d’application de ladite loi, à savoir «[…] un ensemble de terres homogènes du domaine national nécessaire au développement de la population du ou des villages qui y sont implantés ou y ayant des intérêts communs ». Les terres de la zone des terroirs sont exploitées pour l’habitat rural, la culture ou l’élevage. La zone de terroir est gérée par le conseil rural, qui est une personne morale de droit public, aux termes de l’article 192 du Code des collectivités locales. Le code attribue aux organes de la communauté rurale des compétences foncières importantes. Il en est ainsi de l’exercice de tout droit d’usage à l’intérieur de la communauté rurale ; du plan général d’occupation des terres ; de l’affectation et de la désaffectation des terres du domaine national. Les zones pionnières : elles correspondent aux terres où des actions spéciales doivent être mises en œuvre pour les rendre aptes à la valorisation. Les zones classées : Elles correspondent aux zones à vocation forestière ou aux zones de protection ayant fait l’objet d’une classification dans les conditions prévues par la réglementation particulière qui leur est applicable. Dans cet espace, les activités économiques ne sont pas en principe permises. Les zones classées comprennent : les forêts classées ; les réserves sylvo-pastorales ; les périmètres de reboisement et des restaurations ; les parcs nationaux ; les réserves naturelles intégrales et les réserves spéciales et les parcs marins. Les zones urbaines : elles ont vocation à faire l’objet d’un programme d’urbanisation.

 

Vous trouverez ci-joint, la version initiale de la loi sur le domaine national :

Loi n° 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national (JO n° 3692, p. 905 et s.)

 

Article premier. Constituent de plein droit le domaine national, toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées et dont la propriété n'a pas été transcrite à la Conservation des hypothèques à la date d'entrée en vigueur de la présente loi. Ne font pas non plus partie de plein droit du domaine national, les terres qui, à cette même date, font l'objet d'une procédure d'immatriculation au nom d'une personne autre que l'Etat. Article 2.

L'Etat détient les terres du domaine national en vue d'assurer leur utilisation et leur mise en valeur rationnelles, conformément aux plans de développement et aux programmes d'aménagement.

 

Article 3. Les terres du domaine national ne peuvent être immatriculées qu'au nom de l'Etat.

Toutefois, le droit de requérir l'immatriculation est reconnu aux occupants du domaine national qui, à la date d'entrée en vigueur de la présente loi, ont réalisé des constructions, installations ou aménagements constituant une mise en valeur à caractère permanent. L'existence de ces conditions est constatée par décision administrative à la demande de l'intéressé. Cette demande devra, sous peine de forclusion, être formulée dans un délai de six mois à compter de la date de publication du décret d'application de la présente loi. Ce décret précisera notamment les conditions requises pour qu'une mise en valeur soit considérée comme suffisante.

 

Article 4. Les terres du domaine national sont classées en quatre catégories :

1°) Zones urbaines ;

2°) Zones classées ;

3°) Zones des terroirs ;

4°) Zones pionnières.

 

Article 5. Les zones urbaines sont constituées par les terres du domaine national situées sur le territoire des communes et des groupements d'urbanisme prévus par la législation applicable en la matière. Un décret fixera les conditions de l'administration des terres à vocation agricole situées dans les zones urbaines.

 

Article 6. Les zones classées sont constituées par les zones à vocation forestière ou les zones de protection ayant fait l'objet d'un classement dans les conditions prévues par la rég1ementation particulière qui leur est applicable. Elles sont administrées, conformément à cette réglementation.

 

Article 7. Des décrets pris après avis des comités régionaux de développement répartissent en zones de terroirs et zones pionnières, les terres du domaine national autres que celles situées dans les zones urbaines et classées.

La zone des terroirs correspond en principe, à la date de la publication de la présente loi, aux terres qui sont régulièrement exploitées pour l'habitat rural, la culture ou l'élevage. Les zones pionnières correspondent aux autres terres.

 

Article 8. Les terres de la zone des terroirs sont affectées aux membres des communautés rurales qui assurent leur mise en valeur et les exploitent sous le contrôle de l'Etat et conformément aux lois et règlements. Ces communautés sont créées par décret pris sur proposition du Gouverneur après avis du comité régional de développement ; le même décret définit les limites du terroir correspondant.

 

Article 9. Les terres de la zone des terroirs sont gérées sous l'autorité de l'Etat et dans les conditions fixées par décret, par un Conseil rural et par le Président dudit Conseil.

 

Article 10. Le nombre des membres du Conseil rural est fixé par le décret institutif. Il peut comprendre :

1. des membres élus parmi et par les personnes domiciliées dans le terroir, y résidant effectivement, s'y livrant à des activités rurales à titre principal et jouissant des droits électoraux ;

2. des fonctionnaires ou agents de l'Etat désignés en raison de leurs fonctions ou par le décret institutif ;

3. des représentants de la coopérative ou des coopératives agricoles fonctionnant sur le terroir.

Le Président du Conseil Rural est désigné par l'autorité administrative parmi les membres du Conseil, à l'exception des fonctionnaires ou agents de l'Etat.

Les fonctions de Président ou de membre du Conseil ne peuvent donner lieu à aucune rémunération ou avantage direct ou indirect à peine de déchéance.

 

Article 11. Les zones pionnières sont mises en valeur dans les conditions fixées par les plans de développement et les programmes d'aménagement.

A cet effet, des portions de ces zones sont affectées par décret soit à des communautés rurales existantes ou nouvelles, soit à des associations coopératives ou tous autres organismes créés sur l'initiative du Gouvernement ou avec son agrément et placés sous son contrôle.

 

Article 12. Des conseils de groupements ruraux, composés de membres désignés par les Conseils ruraux intéressés, peuvent être chargés par l'Etat de la gestion et de l'exploitation de biens d'équipement publics ou de ressources naturelles intéressant plusieurs terroirs.

 

Article 13. L'Etat ne peut requérir l'immatriculation des terres du domaine national constituant des terroirs, ou affectées par décret en vertu de l'Article 11, que pour la réalisation d'opérations déclarées d'utilité publique.

 

Article 14. Les propriétaires d'immeuble ayant fait l'objet d'un acte transcrit à la Conservation des hypothèques devront, sous peine de déchéance, requérir 1'immatriculation desdits immeubles dans un délai de deux ans à compter de la date d'entrée en valeur de la présente loi. A défaut, ces immeubles peuvent être incorporés dans le domaine national.

 

Article 15. Les personnes occupant et exploitant personnellement des terres dépendant du domaine national à la date d'entrée en vigueur de la présente loi continueront à les occuper et à les exploiter.

Toutefois, la désaffectation de ces terres peut être prononcée par les organes compétents de la communauté rurale, soit pour insuffisance de mise en valeur, soit si l'intéressé cesse d'exploiter personnellement, soit pour des motifs d'intérêt général.

La décision de désaffectation pourra faire l'objet d'un recours devant le Gouverneur de Région.

Un décret précisera les conditions d'application du présent article.

 

Article 16. Toutes dispositions contraires à celles de la présente loi sont abrogées et notamment, le décret n° 55-580 du 20 mai 1955 portant réorganisation foncière et domaniale, les textes pris pour son application et l'Article 83 et le 13e alinéa de l'article 90 du décret du 28 juillet 1932 réorganisant le régime de la Propriété Foncière relatif à l'immatriculation en vertu d'un certificat administratif.

 

Article 17. Des décrets fixeront les conditions d'application de la présente loi.

La présente loi sera exécutée comme loi de l'Etat.

 

Fait à Dakar, le 17 juin 1964 Léopold Sédar SENGHOR

Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :